« Seigneur, j’étais si tranquille…
Seigneur, pourquoi m’avez-vous dit d’aimer tous mes frères, les hommes ? J’ai essayé, mais vers vous je reviens effrayé…
Seigneur, j’étais tranquille chez moi, je m’étais organisé, je m’étais installé. Seul, j’étais d’accord avec moi-même, à l’abri du vent, de la pluie, de la boue…
Je serais resté pur, enfermé dans ma tour…
Maintenant, ils sont venus par vagues successives, l’un poussant l’autre, bousculant l’autre. Ils sont venus de partout, chargés de bagages, bagages d’injustices, bagages de rancœur, bagages de souffrance…
Seigneur, ils me font mal, ils sont trop encombrants, trop envahissants. Je ne peux plus rien faire. Plus ils poussent la porte et plus la porte s’ouvre. Ah Seigneur, je suis perdu. Je ne suis plus à moi. Il n’y a plus de place pour moi chez moi.
Ne crains rien, dit Dieu, tu as tout gagné. Car tandis que ces hommes entaient chez toi, Moi, ton Père, moi, ton Dieu, je me suis glissé parmi eux. »
Michel Quoist