Peut-être fallait-il que l’enfant

naisse de nuit

pour qu’il fasse jour dans le monde

Peut-être faut-il être dans la nuit

pour découvrir la lumière

Peut-être faut-il aimer la nuit

pour que le matin y dessine

sa promesse

Ce qui nous arrive en cette nuit

dans le visage d’un tout-petit

c’est ce qui arrive chaque fois

que le sourire d’un enfant

brise nos défenses

Ce qui nous arrive

c’est une douceur qui n’est pas de ce monde

une douceur qui éveille le cœur

à la joie d’être, à la joie de naître

Ce qui nous arrive, c’est que Dieu n’a pas d’autre chemin

que nous

pour venir jusqu’à nous

C’est en nous que la douceur

attend de faire son lit

c’est à nous qu’il revient de bercer Dieu

Noël, c’est

Dieu entre nos mains pour que se lève demain

Dieu en attend de notre tendresse pour que vive sa tendresse

Dieu au berceau de notre âme, pour qu’en nous veille sa flamme

Francine Carrillo, Braise de douceur,

Le Mont sur Lausanne : Editions Ouverture, 2000, p.98-100.