La Bénichon est devenue une fête d’action de grâce qui prend place à l’automne.

Au moment où les troupeaux sont de retour en place, que les récoltes ont donné leurs fruits, et la vigne sont trésor. A ce moment-là on peut se réjouir.

Se réjouir est une bonne chose. Mais avec quelle disposition d’esprit le faisons-nous ? Car devant les biens matériels, les ressources de ce monde, et même les produits de la terre, il y a deux grandes attitudes. La première consister à vouloir posséder, profiter. On cherche à se réjouir par le fait même de posséder des choses le plus possible. Cela peut déboucher sur une vraie soif de consommation qui a des conséquences dramatiques tant pour notre être intérieur que pour le monde extérieur.  Il y a néanmoins une manière saine et nous réjouir des bonnes choses et des bons produits de la terre. Il s’agit d’une disposition intérieure qui ne les consomme pas en les accaparant, mais en rendant grâce. Quand on est vraiment reconnaissant pour ce qu’on a. Alors on n’a pas le même rapport aux choses matérielles. On ne les considère plus comme des dû, des propriétés, des possessions. Mais comme des cadeaux. Des cadeaux précieux. La crise écologique n’est pas d’abord une question d’économie. C’est d’abord une question spirituelle. La surconsommation, l’usage dévastateur pour la création des ressources, la pollution… Tout cela à un fondement spirituel. Cela intervient quand on cesse de considérer les choses de la terre comme des créatures, mais comme des produits.

Nous devons retrouver un rapport eucharistique aux biens de ce monde : eucharistique dans son sens étymologique : qui veut dire rendre grâce.

Une âme qui ne rend plus grâce, qui n’est plus dans la reconnaissance et oublie QUI est la source des biens qu’elle reçoit va peu à peu se couper elle-même de cette source de bénédiction qu’est Dieu. L’oubli que c’est Dieu qui béni, et notre ingratitude envers Dieu vient parasiter le canal de bénédiction de Dieu. Devant notre ingratitude, et notre oubli de la source des bénédictions, Dieu va pédagogiquement fermer un peu les vannes : « Ah tu penses que tout ce que tu as t’appartient ? Tu penses que c’est à toi seul que tu dois ta réussite et ta bénédiction ? Eh bien d’accord… je te laisse avec ta fierté de toi. Je te laisse avec ce que tu penses obtenir de toi seul. » Comme si Dieu disait : « Tu ne crois pas que c’est de moi que viennent les bénédictions, que c’est de moi que vient toute chose, que c’est moi qui soutiens ta vie ? Ok… alors je te laisse gérer sans moi. » Retrouvons dans la Bénichon une occasion de rendre grâce. Bénichon veut dire bénédiction : que Dieu vous bénisse !