Demeurez en Jésus, comme Jésus demeure en nous… mais concrètement ça veut dire quoi ? Ça se passe comment, ça signifie quoi, ça engage à quoi ? La réponse facile c’est de dire : c’est la présence du Saint-Esprit en nous. Oui, c’est vrai, mais ça ne dit pas quels sont les enjeux. Alors il nous faut faire un zoom arrière pour saisir plus largement les images bibliques qui nous ont été données comme des figures, des préfigurations de ce sommet spirituel que Jésus est entrain de laisser entrevoir à ses disciples : Dieu qui demeure en nous, et nous qui demeurons en Dieu. Une inhabitation mutuelle. Jésus donne tout de même un indice : « Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour ». C’est donc l’amour qui est le moyen, le vecteur, le canal, la forme de cette réalité qui nous fait demeurer dans le Christ, et le Christ en nous. Pour exprimer quelque chose d’aussi mystérieux, et qui dépasse infiniment la capacité de compréhension humaine, la Bible proposera plusieurs images, imparfaites, mais qui préfigure ce que c’est en réalité.
L’alliance de Dieu avec son peuple : Dieu qui décide de résider, demeurer au milieu de son peuple. Le buissons ardent que voit Moïse, où la voix de Dieu l’interpelle. Le texte précise que ce buissons brûle mais sans se consumer. Première image de ce que Dieu veut faire : résider au milieu de nous, sans le consumer. Il y a ensuite la colonne de fumée, qui dirige les hébreux à travers le désert, colonne de fumée le jour et colonne de feu durant la nuit, pour guider, éclairer et protéger. Voilà ce que Dieu veut faire au milieu de son peuple : guider, éclairer protéger. Puis on a la description de la tente de la rencontre et du temple, le lieu ultime où la présence glorieuse de Dieu réside dans le saint des saints. C’est le lieu le lieu du pardon. Ce que Dieu veut faire au milieu de son peuple : pardonner, purifier, sauver. Dieu proclame : « ils seront mon peuple, et je serai leur Dieu. »
L’alliance du mariage : Dieu dit à ce sujet : l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme et tous deux deviendront une seule chair. Le lien conjugal est une préfiguration de cette union entre Dieu et l’humanité. Dans le mariage, les époux se s’appartiennent plus à eux-mêmes, mais s’appartiennent désormais l’un à l’autre. Et l’expression de cette union se matérialise dans l’union sexuelle qui est la matérialisation charnelle du lien du mariage. C’est dans ce cadre-là qu’elle prend son sens véritable et spirituel. De ce lien d’amour conjugal, de cette union. Il y a des fruits : comme la conception des enfants. Le Cantique des cantiques dit : « Mon bien aimé et à moi et je suis à mon bien aimé ». Mais ce n’est pas encore le sommet.
L’alliance filiale, des parents avec leurs enfants : on la trouve dans un échange entre Dieu et David au sujet du Messie. Le lien devient encore plus fort, et plus intime qu’avec le peuple. Dieu dit que le messie sera son fils : « il sera pour moi un fils et je serai pour lui un Père. » Mais ce n’est pas encore du niveau de ce dont parle Jésus dans la relation avec son Père à lui, et dont il parle plus abondamment quand il dit « Croyez-moi, je suis DANS le Père et le Père est EN moi ».
Les images de ce que l’on vit humainement préfigure cela, mais n’arrivent pas encore à en rendre compte. Jésus recours alors à une image agricole, comme il le fait souvent : le Cep et les sarments.
Le sarment et le cep sont à la fois distincts, et à la fois un seul. Ce qui fait leur communion c’est la sève qui circule du cep vers les sarments. Cette sève, c’est justement le Saint Esprit dont je parlais au début. C’est l’Esprit de Dieu, c’est la vie de Dieu, c’est l’amour de Dieu. C’est ce qui fait vivre le sarment. C’est ce qui nous fait vivre. Demeurez en Christ comme le Christ en nous, c’est la présence de son Esprit en nous. Comme les sarments reçoivent la sève qui circule depuis le cep et les rend vivants. La parabole du cep et des sarments montre le projet, le sommet, l’aboutissement. Le Christ qui vit en nous par le Saint-Esprit, nous qui vivons dans son amour, et de cette communion nous pouvons porter du fruit parce que la sève de l’Esprit Saint circule en nous. Sans cette communion, nous ne pouvons rien faire.
Textes du jour : Jean 15, 1-17