Allez leur dire qu’il est ressuscité !

L’Évangéliste Marc est un contemplatif. C’est le plus court des quatre Évangiles et pour la résurrection il dit tout en 8 versets. Chaque mot est donc important, car les contemplatifs regardent ce qui est indicible, indescriptible, et il faut donc regarder dans leur silence pour contempler avec eux le mystère. Or quel mystère plus grand que la résurrection ?

C’est un mystère qu’on ne peut pas expliquer, il se donne seulement à contempler par la foi. C’est d’ailleurs ce que font les femmes : littéralement le texte dit qu’arrivées à la tombe, « elles contemplèrent la pierre qui a été roulée ». Elles contemplent en voyant déjà là l’œuvre de Dieu.

Elles n’ont d’ailleurs pas peur d’entrer dans le tombeau. Elles y vont avec confiance. Mais soudain les voilà effrayées ! Effrayées par le jeune homme vêtu de blanc qui se tient là. Elles s’attendaient à voir le cadavre de Jésus, voilà qu’un ange se tient là et leur parle. Elles pensaient voir un mort, les voilà devant un être vivant.

Il les attend… il est là non pas en habit de deuil comme ce devrait être le cas dans un cimetière, mais il a une robe blanche. Son vêtement les prépare à recevoir une parole de vie.

Quelle est cette Parole de vie ? « Ne soyez pas effrayées. Vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié. Il est ressuscité. »

Arrêtons-nous un instant sur cette phrase.

D’abord l’ange les rassure : ne soyez pas effrayées. N’ayez pas peur. C’est une phrase qui revient très souvent dans la Bible. J’ai lu une fois qu’il y aurait 366 fois la phrase « n’ayez pas peur ». Une fois par jour, même pour les années bissextiles. 

« Vous cherchez Jésus de Nazareth » : on aurait pu s’attendre à ce que Jésus soit identifié par l’ange avec des titres divins : Seigneur, Fils de Dieu, Christ…

Mais non, il est identifié comme Jésus de Nazareth. On insiste sur son incarnation. C’est bien Jésus, l’homme que vous avez rencontré, celui qui est né de Marie, qui a grandi à Nazareth, celui que vous avez connu, accompagné, qui vous a enseigné. C’est bien celui que vous avez connu qui est ressuscité et c’est bien celui que vous cherchez. 

L’ange ajouté « le Crucifié » : insistant aussi sur sa passion. Ce Jésus que vous avez connu, il a été crucifié et il est mort.  On n’arrive pas à Pâques sans passer par Vendredi Saint. La croix n’est pas effacée par la résurrection, au contraire elle est mise en lumière. Ce Jésus-là, qui est né dans ce monde, et qui est mort sur la croix. Il est ressuscité.

L’ange ne dit pas comment s’est passée la résurrection. D’ailleurs il n’était vraisemblablement même pas là. La résurrection s’est passée sans témoin, dans le plus grand secret. Dans la plus grande intimité entre le Père et le Fils. Le Père s’est approché, il a roulé la pierre, il est entré dans le tombeau, pour relever son Fils… Dire plus est impossible, tout cela est indicible.

Les femmes arrivent après cela. « Il est ressuscité leur dit l’ange »…. C’est fait ! Et il ajoute : il n’est pas ici, regardez l’endroit où on l’avait mis. Il attend ses disciples en Galilée.

Ainsi il lève toute ambiguïté. Il fait voler en éclat toutes les théories que notre cerveau peut inventer devant quelque chose d’autres incompréhensibles et incroyable que la résurrection.

Mais est-ce qu’il était vraiment mort ? Oui ! Mais est-ce qu’on a volé son corps ? Non ! Est-ce qu’il est enterré ailleurs ? Non !  Alors quoi ? Alors il est vivant, et il vous attend en Galilée !

La mission des femmes, c’est alors d’aller dire ça aux disciples. « Allez leur dire qu’il vous attend en Galilée. » Dire cela c’est plus facile de dire qu’il est ressuscité. Certains Évangiles montrent que quand les femmes disent aux disciples que Jésus est ressuscité, ceux-ci les prennent pour des folles (réaction typiquement masculine…). Il est ressuscité, mais qu’est-ce que ça veut dire ? et comment ? et pourquoi ? On peut faire du sur place, tourner en rond. Par contre en disant : il vous attend en Galilée… ça met en mouvement ! Il faut y aller ! Il nous attend !  Et puis… cela vient confirmer quelque chose que Jésus avait déjà dit avant sa passion, en Marc 14 : « Lors ce que je serai ressuscité je vous précéderai en Galilée. »

L’ange précise : « allez le dire à ses disciples…. et à Pierre. »

Encore un détail du texte qui a son importance.

Pierre est mentionné, parce qu’il avait renié Jésus. C’est un moyen non pas de pointer la faute de Pierre, mais plutôt dire qu’il a été pardonné, et que la bonne nouvelle de la résurrection est aussi pour lui. Bonne nouvelle aussi pour nous, malgré nos propres reniements. Envers et contre tout, le Christ continue de nous appeler ! La bonne nouvelle de Pâques est aussi pour nous, pour nous remettre en route. Malgré tout, nous aussi il nous attend.

La fin de l’Évangile de Marc se termine d’une manière tout à fait étonnante. Les femmes reçoivent cette mission d’annoncer la bonne nouvelle aux disciples. Mais les voilà qui sortent et qui s’enfuient, toutes tremblantes de peur.  Et elles ne dirent rien à personne car elle avait de la crainte.

L’Evangile s’arrête là-dessus…

La fuite, la crainte… le silence.

On peut les comprendre. Cette annonce est bouleversante ! C’est incroyable, c’est incompréhensible, l’univers se trouve secoué. Nous, nous avons eu 2000 ans pour digérer la nouvelle. Quand, au début du culte, je vous ai annoncé « Le Christ est ressuscité ! », nous n’avez pas eu l’air tellement surpris. Je n’ai vu personne se mettre à trembler de crainte ou partir en courant. Pourtant, au travers de leur fuite, de leur crainte et de leur silence les femmes nous rejoignent ici dans notre propre expérience.

Si je vous disais : alors toi, après le culte tu vas aller sonner chez ton voisin pour lui dire que Jésus est ressuscité, qu’il est vivant, et qu’il l’attend. Est-ce que vous n’aurez pas envie de fuir ? Et si je vous dit d’aller témoigner publiquement, et au péril de votre vie, que Jésus est ressuscité. Est-ce que vous n’allez pas trembler ? Et combien de fois, soyons honnêtes, gardons-nous le silence par crainte et n’allons-nous pas dire notre foi et la bonne nouvelle qui la fonde : que Jésus est vivant ! Qu’on l’a rencontré ! Qu’il nous a parlé !

Témoigner de la résurrection… ce n’est pas si facile. On peut bien sûr appliquer les méthodes toutes faites du parfait petit prédicateur à coup de formules toutes prêtes.

Mais annoncer la résurrection c’est quand même bien plus profond que ça. Parce que c’est d’abord en moi que le Christ doit être ressuscité, qu’il doit être vivant. Les femmes ont fui, elle avait de la crainte… elles ont gardé le silence. Parce que la vision extérieure de la résurrection ne suffit pas, il faut encore une contemplation intérieure. Il ne suffit pas de rencontrer Jésus vivant extérieurement, il faut aussi le rencontrer intérieurement. Un défi oui !

Mais aussi une bonne nouvelle !

Frères et sœurs, Jésus nous attend… Il attend la rencontre. Et nous avons toute une année devant nous avec le ressuscité pour le rencontrer toujours plus, toujours mieux, toujours plus profondément.

Le Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité !

Textes du jour : Actes 10, 37-43 / Colossiens 3, 1-4 / Marc 16, 18