Textes du jour : Genèse 22,1-19 ; Philippiens 3,3-8 ; Luc 14,25-26 ;

Le principe central de la Bible est le rejet de l’idolâtrie. Cela explique que le premier commandement soit le rejet de l’idolâtrie. L’idolâtrie, c’est adorer une contrefaçon du Dieu créateur, quelque chose de créé. D’un point de vue biblique, adorer tout ce qui n’est pas Dieu relève de l’idolâtrie. Être idolâtre, c’est adorer, mais aussi s’appuyer sur autre chose ou quelqu’un d’autre que Dieu, se confier en lui. Cela signifie que tout peut devenir une idole ! En fait, tout ce qui est plus important que Dieu est une idole. Cela concerne les choses aussi bien que les personnes.

Nos assurances, un compte en banque fourni, une situation professionnelle, un état de forme physique, le souci d’une beauté permanente peuvent devenir une idole. Ceux en qui on se confie peuvent devenir des idoles : un réseau de relations, un maître spirituel, une appartenance politique, une famille religieuse (ce fut l’expérience de Paul) ou même un parent peuvent devenir une idole. La famille aussi peut devenir une idole. Nous en avons de tristes exemples dans les gangs ou la mafia : la loyauté due à la famille prévaut sur tout. 

L’idole de la famille a été dénoncée par Jésus. Il le fait en des termes choquants pour nous : celui qui ne hait pas son père, sa mère, ne peut être mon disciple, alors imaginez le scandale que ses propos ont déclenché dans la société palestinienne de l’époque où beaucoup de choses sont affaires de loyauté familiale. Ce que Jésus veut dire, c’est que l’attachement familial peut être un frein à l’expansion du Royaume de Dieu. L’horizon de Dieu est bien plus grand que celui de la famille et celle-ci ne l’accepte pas toujours. Les liens d’âmes qui nous lient aux membres de notre famille peuvent nous empêcher de développer le lien spirituel que Dieu veut nouer avec nous. Les intérêts de la famille peuvent nous empêcher de voir et d’honorer la grandeur de Dieu. C’est dans le cadre de sa propre famille que Jésus a rencontré ce problème. La propre famille de Jésus considérait son ministère comme une pure folie, elle considérait ses propos et ses actions comme des scandales. Jésus ne dérangeait pas seulement, il défaisait l’équilibre sur lequel était construit la vie religieuse. Mais en agissant ainsi, il dénonçait une idolâtrie. Dieu n’appartient pas à la famille, c’est la famille qui appartient à Dieu.

C’est la leçon qu’a dû apprendre Abraham. La promesse passait par Isaac. Abraham tenait à l’héritage contenu dans la promesse. Il tenait à Isaac comme à la prunelle de ses yeux. Isaac était sa priorité, son espérance, son avenir, son assurance. Mais Dieu a vu que Isaac était aussi et surtout son idole. Isaac s’était substitué à Dieu dans le cœur d’Abraham. Quel était le but que Dieu poursuivait en demandant à Abraham de sacrifier son fils ? Le but était de sauver Abraham de l’erreur. Mais du même coup, il était aussi de sauver Isaac de l’amour idolâtre de son père qui n’allait pas tarder à l’étouffer et à le faire mourir spirituellement. L’idolâtrie est mortifère.