Textes du jour : 2 Rois 5,1-19a ; Matthieu 12,43-45 ; 1 Corinthiens 1,26-31 ;

Le succès nous attire et nous valorise. La preuve en est que lorsque nous échouons nous avons honte. On n’aime pas être  un looser. L’échec nous fait mal, car il apparaît comme le signe d’un rejet et d’une malédiction. Et en fait, ce dont nous avons peur, au fond, c’est d’être rejeté par Dieu. or en Jésus-Christ Dieu s’approche pour nous enlever toute trace de malédiction. Le succès nous séduit. On a peur de paraître médiocre. Et on fait tout pour réussir. Dans ce cas, le désir du succès agit comme une motivation et même une drogue. Pourtant la réussite ne satisfait pas aux besoins les plus profonds de la créature de Dieu. Sa satisfaction est éphémère. Le succès nous grise et nous illusionne sur nous-mêmes. Le succès, quand il est la seule motivation de notre vie, nous porte à croire que nous sommes des dieux, que notre sécurité repose sur notre performance. Cette fausse impression de sécurité est le signe que nous en avons fait une idole. Quand la réussite est le critère de l’image que nous avons de nous, c’est un autre indice que le succès est devenu une idole. La « culture de compétition » dans laquelle nous vivons n’arrange pas les choses. Dans les cultures traditionnelles, la valeur d’une personne se mesurait en termes de services rendus aux autres. Dans les sociétés modernes, on confère une dignité aux personnes selon leur réussite personnelle. L’idole domine sur nous. Elle est notre Seigneur.

Naaman avait pour maître le succès et la gloire. Il en était esclave. Il a aussi été guéri de cet esclavage. Sa vie était parfaite. Il avait tout : le succès, la réputation, la richesse, l’accès aux puissants. Et pourtant Naaman était un mort ambulant. Sa réussite faisait de lui un élu, mais sa lèpre en faisait un exclus. Il pensait traiter avec le prophète Elisée comme il traitait avec les puissants, mais cela n’a pas fonctionné. En refusant de se déplacer, Elisée lui a fait comprendre que le Dieu d’Israël ne se laisser pas contrôler. En lui refusant la pratique magique qu’il attendait, Elisée lui fait rencontrer la puissance de la parole. En refusant de lui demander quelque chose d’extraordinaire, Elisée lui fait découvrir la vertu de l’humiliation et de la repentance. En refusant d’être payé. Elisée fait comprendre à Naaman que Dieu ne s’achète pas. Naaman découvre un Dieu qui ne traite que sur la base de la grâce. Si la parole est le héros principal du récit, la jeune captive est son premier relais. Son soupir est une intercession ; elle pardonne et cela  fait d’elle une agente de la grâce. 

Naaman nous montre le chemin. La méthode pour nous débarrasser de l’idole du succès est de voir sur la croix la véritable image du Dieu de l’univers. Il s’abaisse pour désarmer nos rêves de grandeur. Il nous révèle que nos rêves de grandeur sont mortifères pour les autres. Il nous accepte par grâce sans exiger de nous des performances. Son critère n’est pas notre valeur intrinsèque, mais celle qu’il va pouvoir nous transférer. Il nous demande de renoncer à notre désir de succès personnel pour mieux recevoir le sien.