Textes du jour : Esaïe 41,4-9 ; Philippiens 3,17-21 ; Marc 7,1-23 ;

Le mot idole ou idolâtrie est très peu cité par Jésus, pourtant ses critiques ne font que la dénoncer. Dans Marc 7, il dénonce l’attitude des Pharisiens et des scribes qui viennent enquêter et vérifier son orthodoxie. Les Pharisiens et les scribes observent attentivement le comportement des disciples. Et là, ils ont trouvé quelque chose à leur reprocher : youpi ! Quand on refuse le fond, on s’attaque à la forme. Ils ont remarqué que les disciples ne suivaient pas le rituel du lavage des mains. Ce rituel vient des cercles pharisiens qui le recommandaient à la population. Jésus répond que cela ne vient pas de Dieu. Ni plus, ni moins ! C’est en ce sens que Jésus dénonce l’idolâtrie. Le dieu des Pharisiens n’est pas le Dieu de Jésus.

Puis Jésus poursuit sa critique en remettant en question les règles alimentaires juives. Elles sont importantes ces règles, car elles marquaient l’identité des Juifs. C’est à cela que les Juifs se reconnaissaient entre eux. Ce que dit Jésus est intéressant : la nourriture passe par le tube digestif et finit dans les latrines. Elle ne touche pas le cœur qui est la partie essentielle de la personne. C’est une parabole, pour dire que la nourriture n’affecte pas le cœur spirituel de l’homme. Or ce qui est important pour Dieu, c’est l’état de notre cœur spirituel. C’est important parce que c’est là que siège soit Dieu, soit une idole. Jésus a compris que les règles alimentaires avaient un rôle pédagogique : faire attention à ce qui entre en nos cœurs, parce que ce qui entre là finira par en sortir et se répandre dans le monde. La nourriture était symbolique et n’était pas importante en soi. Ce qu’a dit Jésus était une telle révolution que beaucoup de chrétiens du premier siècle ont continué de respecter les règles alimentaires et même parfois, de les imposer aux autres. Quand on ne fait plus la différence entre le symbole et la réalité spirituelle, on risque de s’attacher aux éléments extérieurs, aux comportements visibles, aux rites plutôt qu’à l’intérieur, à l’invisible, au spirituel.  On ajoute du superficiel à l’essentiel. On ajoute des rites aux rites, on ajoute des croyances aux vérités de la foi. Le culte voué à Marie (hyperdulie) en est une illustration. Est-ce que le Christ ne suffit pas ?La leçon que Jésus nous donne est de nous méfier de la religiosité. Celle-ci est tolérable quand elle nous conduit à nous approcher de Dieu, mais elle n’est pas indispensable. La religiosité est partout. Les institutions sont religieuses, les sociétés (y compris secrètes sont religieuses). Les Romains étaient très religieux. En fait, moins Dieu est présent et plus les formes de religiosité abondent et avec ces formes de religiosité le clergé. Quand la religiosité domine, ce qui est sacerdotal tend à étouffer ce qui est prophétique. Ce sont les prêtres de Jérusalem qui ont dénoncé Jésus. Et c’est leur commerce que Jésus a remis en question. La religion des Protestants, c’est la parole de Dieu. En nous redonnant la Parole, les Réformateurs nous ont donné le moyen de distinguer ce qui est digne de foi et ce qui relève de la religiosité.