Textes du jour : Genèse 12 ; Hébreux 6 ; Matthieu 5.40. 45-48
Abram avait reçu une immense promesse :
Je ferai de toi une grande nation, et je te bénirai; je rendrai ton nom grand, et tu seras une source de bénédiction. Je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai ceux qui te maudiront; et toutes les familles de la terre seront bénies en toi. Je ne sais pas s’il existe une bénédiction plus grande que celle-là. Il y a tout ou presque : la grandeur, la prospérité, la dignité, la joie, la fierté et enfin l’assurance d’être protégé. Pourtant, même avec le déploiement de cette bénédiction, Abram va vaciller. Nous avons vu il y a quelques semaines à quel point l’épreuve est constitutive de la vie de foi. C’est à travers l’épreuve que Dieu nous taille afin que nous soyions conformés à l’image du Christ.
C’est la première épreuve d’Abram. Il en aura d’autres : des guerres, des séparations, des déchirements, et enfin la grande épreuve de Moriya, l’acceptation de donner son fils, le contenu même de la promesse. Mais si tout le contenu de la promesse s’en va, que reste-t-il ? Rien. Enfin, rien d’autre que Dieu ! Or c’est le but des épreuves : qu’il ne reste plus aucune autre assurance que Dieu (Rm 5).
Abram a peur. A la première lecture, on pense qu’il a peur de perdre sa femme. Mais le texte dit autre chose : Quand les Égyptiens te verront, ils diront: C’est sa femme! Et ils me tueront, et te laisseront la vie. En fait Abram a peur de mourir.
Et la peur est mauvaise conseillère. La peur advient quand l’âme prend conscience d’un danger et s’agite au point de ne plus recevoir de l’esprit son calme et sa paix. L’âme gonfle d’inquiétude. Et elle se coupe de l’esprit. Elle se coupe de sa source. Et comme elle est coupée de sa source, elle est gagnée par un sentiment de manque, de pénurie. Or la pénurie est le contraire de la grâce. Et le sentiment de pénurie nous fait entrer dans un cercle vicieux, celui de la crainte, de l’insatisfaction permanente, de l’avarice, du désespoir. Ce qui caractérise la foi, l’espérance et l’amour, c’est que ces 3 vertus n’ont pas de valeur fixe. Elles sont appelées à se dilater, donc à sortir de leurs limites ! La foi est appelée à grandir, c’est ce que toute la vie d’Abraham montre. L’espérance est appelée à se fortifier, c’est ce que montre l’histoire de Jacob. L’amour est appelé à croître, c’est ce que montre l’histoire de Joseph. La foi, l’espérance et l’amour se renouvellent quand elles puisent à la source de Dieu. c’est ce que veut nous dire Jésus quand il dit : soyez parfait comme votre Père céleste est parfait. C’est ce qu’il a fait sur la croix : là, il nous a aimés jusqu’au bout. Pourquoi ? Pour que cet amour s’infuse en nous. Sans être connecté à la source, notre amour se tarit. Notre âme se sent seule et démuni. Mais quand l’Esprit de Dieu atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu, alors notre esprit peut alimenter notre âme et la fortifier. Voilà ce que nous dit notre Dieu aujourd’hui : Toutes vos sources sont en moi.