Textes du jour : 1 Samuel 16 ; Colossiens 1,18,27 ; Jean 9,1-41

Samuel, lui-même, a dû apprendre à changer de regard quand il a été envoyé chez Jessé. Lui aussi a dû apprendre que Dieu ne regarde pas comme les hommes : « les hommes regardent l’apparence, mais le Seigneur regarde le cœur ».

Être chrétien, c’est accepter que nous sommes appelés à d’abord changer notre manière de voir les choses. Il s’agit d’une abdication, d’une reconnaissance que nous sommes étrangers à la vision de Dieu. Pour voir correctementil faut d’abord reconnaître que nous sommes aveugles !

Jésus lui-même, semble respecter la manière mystérieuse de Dieu de se comporter. Ses disciples ne sont pas recrutés parmi les hautes classes sociales d’Israël. Pour enseigner, il a recours à des images simples, compréhensibles par les gens de la campagne, souvent méprisés par les gens de la ville. Il y a comme un dédain de Jésus à l’égard de ce qui est grand aux yeux des humains. Les êtres humains seraient-ils trop grands ? Seraient-ils trop prétentieux ? Mais de quelle prétention s’agit-il exactement ? Dans le cas du récit de la guérison de l’aveugle, il s’agit clairement de la prétention à savoir et à voir.

Savoir, tout d’’abord : Les disciples veulent connaître l’origine de la cécité. Mais est-ce bien utile ? A quoi sert de savoir si on ne peut pas faire disparaître le mal. Regardez l’état du monde, on est riche dans la connaissance des problèmes, mais on est pauvres et démunis quand il faut trouver des solutions. On va assez facilement du présent à l’avant, vers le passé, comme des archéologues ou des psychologues, mais on va moins facilement du présent à l’après. Ce que dit Jésus, c’est que le présent n’est pas conditionné au passé ; il est conditionné au futur. Jésus s’intéresse à ce qui libère, et non à ce qui ne libère pas.

Voir, ensuite : « Ses voisins, et ceux qui l’avaient observé auparavant.

– car il était mendiant – dirent alors : « N’est-ce pas celui qui se tenait là pour mendier ? ». C’est étonnant qu’ils ne l’aient pas reconnu puisqu’ils étaient ses voisins. C’était un des leurs. Est-ce quand on ouvre les yeux sur Jésus, nos proches ne nous reconnaîtraient-ils plus ? Les voisins ont regardé l’aveugle avec les yeux de hier. Jésus l’a regardé avec les yeux de demain. Jésus a regardé l’aveugle avec les yeux du Royaume, avec les yeux de l’espérance de la gloire comme dit l’auteur de Colossiens. 

C’est peut-être cela la solution ! Dieu nous voit et nous parle à partir de demain, à partir du Royaume. Il nous appelle à être ce que nous serons. Et nous le serons !  Quand le présent nous semble prisonnier du passé, quand nous peinons à devenir ce à quoi nous sommes appelés, alors il nous faut regarder à Jésus, car c’est en Jésus que nous vivrons, c’est en lui que nous ressusciterons, c’est en lui que nous sommes glorifiés.Tel est le mystère chrétien : Christ en nous, l’espérance de la gloire !