C’est toujours un temps de joie de vivre un baptême : joie parce que l’accueil d’un enfant ou d’un adulte par le baptême nous rappelle que l’Église est appelée à toujours s’élargir pour faire de la place. Le risque autrement c’est de se recroqueviller sur un petit groupe d’habitués qui ressemble à un club religieux. A terme l’Église risquerait de devenir un club religieux : on va à l’église comme on va au club de jass ou au club de scrabble. L’Église n’a pas vocation à être un club, mais plutôt à être une source : une source qui coule sans fin et sans arrêt. Une source d’eau claire, vive et fraîche où il fait bon se désaltérer. Comme une fontaine qui ruisselle et auprès de laquelle on a de la joie de s’arrêter et de se désaltérer après une marche harassante en plein soleil. C’est beau l’Église comme une fontaine d’eau fraîche qui fait la joie des passants, n’est-ce pas ? Mais alors pourquoi l’Église peut avoir parfois un visage triste ? Et surtout pourquoi les chrétiens sont-ils si tristes ? Eux qui disent vivre de la vie du Christ ressuscité… pourquoi ces têtes d’enterrements ? Voilà pourquoi le baptême est censé faire déborder la vie : parce qu’en tant que baptisés c’est désormais la vie du Christ qui coule dans nos veines, et nous sommes appelés à en déborder pour tous les hommes et les femmes de notre temps. Mais où sont les Chrétiens qui craquent de bonheur, sur qui se lit la joie du Christ ressuscité, qui sont plein d’espérance et communiquent au monde l’envie d’espérer, la foi d’avancer, et l’amour de partager ? « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur, réjouissez-vous ! », écrit l’apôtre Paul (Phil 4,4). Voilà bien un ordre paradoxal. Comment peut-être obéir à cela ? Être dans la joie ne se commande pas. Est-ce que Paul nierait la possibilité de la souffrance, de la tristesse, de la détresse ? Est-ce que la joie est la seule émotion autorisée pour le croyant ? Et du coup si je me sens mal c’est le signe que je manque de foi ? Bien sûr que non ! et Paul a d’ailleurs beaucoup souffert durant sa vie de croyant : arrêté, battu, fait prisonnier, naufragé, etc. Il sait ce que peut coûter la foi. Pourtant il nous encourage à nous réjouir en toute chose, à garder l’espérance et la joie même au cœur des souffrance. Si nous sommes porteurs de joie et d’espérance dans le monde, nos contemporains se demanderont alors ce qui nous anime, quelle est cette vie qui déborde en nous, qu’elle est cette espérance qui nous rend si forts : Et nous de répondre : c’est la vie du Christ ressuscité, c’est l’amour de Dieu notre Père, c’est la joie du Saint Esprit. Alors pas besoin de long discours pour témoigner du Christ, pas besoin de grande publicité. C’est par son attitude et la vie de Dieu dont il déborde que le Chrétien évangélise témoigne de sa foi.
Textes du jour : Actes 1, 1-11 / Philippiens 4, 4-9 / Matthieu 28, 16-20