Les prophètes ont toujours remis en question les modalités de la religion en Israël. Ils ont insisté sur la visée du culte et des pratiques religieuses. Dieu aime le culte pour autant que ce dernier rapproche les fidèles de Lui. Il aime les pratiques religieuses pour autant qu’elles nous aident à répandre Sa justice. Les deux versants, religieux et pratique, ne sont qu’un à ses yeux et le seul respect de l’un des deux est incomplet.
Le jeûne ne doit pas être l’occasion d’une fierté et d’une parade intérieure. Il doit nous aider à recevoir ce que nous n’avons pas encore reçu. Il doit nous aider à faire mourir nos comportements humains pour nous faire participer de plus en plus à la nature divine des pensées et des objectifs de Dieu. Quels sont les objectifs de Dieu ? Esaïe affirme que Dieu veut couper les liens maléfiques qui entravent les êtres humains que nous sommes. La visée du culte est la délivrance des captifs. Le culte doit se faire l’écho de ce combat : Élève ta voix comme une trompette ! Tel est le rappel d’Esaïe.
Jésus reprend cette critique prophétique. Jésus à jeûné le temps qu’il fallait ; le temps de la victoire contre « l’homme fort » (le diable, selon Marc 3). Loin de l’avoir installé dans le repos et la fierté personnelle, cette victoire l’a mobilisé en vue de proclamer la suprématie du Royaume. Les disciples que nous sommes sont invités à se mobiliser avec lui.
Mon récent séjour à Madagascar nous a entrainés dans ce sillage. En plus des enseignements donnés à la faculté de théologie, mon épouse et moi sommes allés sur les lieux où des communautés chrétiennes sœurs ont été durement frappées par les deux derniers cyclones. Nous avons, au nom de la paroisse de Châtel, témoigné de notre solidarité. Le trésor du Royaume que nous avons reçu, nous avons essayé de le transmettre au loin. La reconnaissance qui nous a été exprimée témoigne de la joie que le Christ a lui-même vécue. Chacun a vu, dans les gestes de l’autre, Jésus qui s’approche pour le servir. (Yann Morvant)