Trois mots qualifient Jésus à la suite de l’Ascension : Il a été enlevé – il a été élevé – il est assis à la droite du Père. Ces mots disent quelque chose sur cette expérience des disciples de Jésus après sa résurrection. Il a été dérobé d’une relation directe. Etienne, qui a été lapidé à cause de sa foi en Jésus-Christ, s’écrie en mourant sous les coups des pierres : « Je vois les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu. » (Actes 7, 56). Il dit par là aussi qu’il voit un lien étroit entre le Père et le Fils. Que Dieu est bi-céphale tout en étant Un. Que Jésus n’est pas juste un sage et un homme rempli d’amour. Mais qu’il a parti lié avec Dieu. Evidemment pour les monothéistes strictes, tel que le judaïsme, cela n’est pas recevable. Dieu est seul. Le christianisme ouvre clairement une brèche à cette solitude et introduit un nouvel personnage en Dieu : le ressuscité. Dans 1 Pierre 3, nous lisons : « Et c’est ainsi que vous êtes sauvés maintenant, vous aussi grâce à la résurrection de Jésus Christ ; celui-ci est allé au ciel et il se tient à la droite de Dieu, où les anges et les autres autorités et puissances célestes lui sont soumis. » En Dieu se trouve Jésus, et l’inverse est vrai aussi : en Jésus se rencontre une partie de Dieu, bien que Dieu soit plus grand que Jésus. La fête de l’Ascension nous dit au moins cela. Il est assis à la droite de Dieu.
A partir du verbe « enlevé » il n’est pas facile de tirer des leçons. Si ce n’est que le verbe est utilisé au passif : Jésus a été enlevé. Il ne s’est pas lui-même dérobé. Il y a un autre qui a été à l’œuvre. Peut-être voulait-on insister sur sa non-disponibilité, sur le fait que dorénavant le Christ se rencontre autrement ?
Le 3è verbe est « élever ». On y trouve aussi le mot « Ascension », un mouvement vers le haut. Pierre dira dans sa première prédication : « Ce Jésus, Dieu l’a relevé; nous en sommes tous témoins. Elevé par la droite de Dieu. » (Actes 2, 32-33). Et dans un poème chrétien de la première heure, repris dans la Lettre aux Philippiens, nous lisons : « il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à la mort – la mort sur la croix. C’est pourquoi Dieu l’a souverainement élevé et lui a accordé le nom. » (Philippiens 2, 8-9). Evidemment symboliques, nos trois mots clés de ce jour de l’Ascension nous introduisent dans une spatialité particulière qui ferait peut-être frémir les scientifiques de l’espace.
Être assis à la droite de Dieu – être enlevé – s’élever.
C’est bien-sûr un langage symbolique mais hautement utile pour exprimer ce qui dépasse nos mots et nos concepts.
Lectures bibliques : 1 Rois 8, 22-29 et Actes des Apôtres 1, 1-11