Y a-t-il dans la foi chrétienne des éléments non-négociables ? A quoi faut-il se rallier pour qu’une foi puisse devenir chrétienne ? Est-ce que vous vous êtes déjà posé cette question ? Elle se posait dans cette ville portuaire grecque dans laquelle une petite communauté chrétienne naissante essayait de vivre le christianisme à partir ou à travers la culture grecque. Jésus et ses disciples étaient de culture sémitique. L’expansion du christianisme se faisait principalement dans les lieux de culture grecque.

Les Corinthiens se heurtaient à la résurrection. Que Jésus soit ressuscité, d’accord, car ce n’est pas un homme comme les autres. Mais que c’est aussi pour tous, une résurrection « de la chair », cela allait à l’encontre de la culture locale. La philosophie grecque est dualiste, chair-esprit, dieu-humains, corps-âme. Le corps pour eux n’est qu’une enveloppe et peu importe si je l’utilise pour le maitriser un maximum par une ascèse stricte ou si je le laisse aller par une vie débridée. Les deux manières de vivre étaient courantes parmi les Corinthiens et cela aussi dans la communauté chrétienne.

L’auteur de la Lettre aux Corinthiens sera très stricte sur la résurrection physique. Paul affirme deux choses en même temps concernant le Christ et qui s’appliquerait aussi aux chrétiens : Jésus est mort, comme tout et chacun de nous sera un jour mort. Mort de mort. Mais Jésus est aussi ressuscité. Pas juste revenu à la vie comme Lazare. Cela n’est pas très intéressant, mais ressusciter c’est vivre dans la Vie en Dieu. Et cela non pas en « âme » ou spirituellement, physiquement. Car Jésus vivant après sa crucifixion a été vu et entendu, non pas comme un fantôme, mais comme le Christ. Cela reste une spécificité chrétienne, cela reste un os à ronger pour nos pensées et cela donne à réfléchir. Sans résurrection corporel des morts, le christianisme perd son essence, et Jésus est mort pour rien et la foi inutile. L’auteur ira même jusqu’à affirmer cela. Comme on exigerait de n’importe quelle profession des compétences de base, de même le chrétien et la chrétienne ne peut pas faire l’impasse de la mort et de la résurrection. C’est l’ustensile fondamental pour développer ensuite une spiritualité chrétienne et une éthique chrétienne. Nier ce mouvement de la mort vers la vie est nier tout ce que Jésus-Christ a été.

Lectures bibliques : 1 Corinthiens 15, 1-11 ; 1 Rois 17: 17-24