« Il n’est pas bon que les chiens mangent le pain des enfants » : il y a quelque chose de terriblement choquant dans cette réponse de Jésus. Bien loin des belles paroles d’encouragement qu’on lui connaît habituellement. Où est-il dans ce texte celui qui est doux et humble de cœur ? Cette réponse de Jésus est violente, comme le fut également sa première réaction. Car lorsque cette femme cananéenne (donc une étrangère) s’approche de lui et des disciples, Jésus ne lui répond même pas, il garde simplement le silence. C’est devant l’impatience des disciples que Jésus se décide finalement à répondre…. « Il n’est pas bon que les chiens mangent le pain des enfants ». Dure à entendre, l’image choisie nous choque. En réalité, il y a deux mots différents dans la langue originale pour parler soit des chiens errants, soit des animaux de compagnie. Or le mot grec ici utilisé désigne le chien animal de compagnie. Dans les maisons de l’époque, les chiens mangeaient les restes à la fin du repas.  Certes, l’image n’est pas des plus gratifiante, mais ce qu’est entrain de dire Jésus c’est que le temps de son ministère sur terre il a été envoyé auprès des juifs. Mais le tour viendra pour les autres nations, au moment voulu. A savoir après la résurrection. Le Christ ressuscité dans ce même Évangile selon Matthieu dit d’ailleurs : « allez et faites de toutes les nations des disciples ».  Jésus ne dit pas que cette femme est particulièrement indigne ou impure, il est entrain de dire que ce n’est pas encore le temps pour les autres nations. L’image vise à expliquer la chronologie du salut, qui part du peuple d’Israël pour gagner ensuite toutes les nations, et non pas à établir des classes entre les différents peuples. La réponse de la femme est alors admirable. Elle ne conteste pas ce que Jésus dit, elle sait bien qu’il est avant tout le messie d’Israël, c’est d’ailleurs ce qu’elle dit et confesse. Mais elle reprend l’image utilisée par Jésus : Il est vrai que ce n’est pas encore le temps pour les autres nations, mais les petits chiens n’attendent pas toujours la fin du repas pour manger, ils viennent manger les miettes qui tombent de la table. Jésus ne peut que lui donner raison. La femme n’a pas de grandes ambitions, mais elle se contente des miettes tombées, des petites choses. Ce qui fait tout changer c’est l’humilité de cette femme. Pourquoi Jésus dit-il que sa foi est grande ? La foi de cette femme est grande car elle est pleine d’humilité. Une telle foi qui sait ne rien mériter peut recevoir la grâce. Heureuse, bien heureuse cette femme cananéenne car elle a reçu la grâce par sa foi. L’humilité est souvent le signe d’une très grande foi. (Ludovic Papaux)

Textes du jour : Esaïe 56, 1-7 / Matthieu 15, 21-28