Un jour, dans le fin fond de l’Espagne, le grand rabbin voulut savoir qui, durant l’année écoulée, avait fait monter vers le ciel, la prière la plus pure, la plus belle.

Il interroge son conseiller qui fit des recherches. Après avoir longuement prié et s’être informé, il apprit que c’était un jeune colporteur, vendeur de porte en porte, qui habitait à l’autre bout de l’Espagne. C’est lui qui avait fait monter vers le ciel, la prière la plus pure, la plus belle.

Le grand rabbin fit venir le jeune colporteur, tout étonné qu’on vint le chercher, lui, qui pensait-il, ne savait pas prier.

« Quelle est donc cette prière que tu as fait monter vers Dieu ? », lui demanda le grand rabbin. « C’est vrai, Rabbi, un soir, je m’en souviens, j’ai prié intensément. Maman était gravement malade. Je me suis purifié le corps, en prenant un bain, comme la loi le prescrit. Puis, par cette claire nuit d’été, sous le regard de la lune, je suis monté sur le toit de la maison et j’ai dit au Seigneur : ‘Seigneur, je ne sais pas prier, mais je sais lire et écrire. Je connais mon alphabet. Je vais le réciter dans mon cœur. Tu prendras les lettres et tu en feras toi-même la prière que tu aimes.’ »

Livre de prières, Neuwiller-les-Saverne : SLM ; Lyon : Editions Olivétan, 2012, p.81