Selon la loi de la Torah, un lépreux, est mis à l’écart en raison de sa contagion, mais aussi car il qui était considéré comme impur. L’impur est un véritable banni : il est dehors des villes et n’avait le droit de n’approcher personne. Après la guérison Jésus lui ordonne de garder le silence sur ce qui s’est passé : c’est peut-être une manière de protéger l’ancien lépreux. Car il a enfreint la loi. Il enfreint la loi car il s’approche de Jésus et ne jette à ses pieds. Le désespoir pousse cet homme à une certaine audace. Jésus ne va pas le condamner pour ça. Au contraire le texte nous dit qu’il est ému de compassion, et il le guérit. Jésus a peut-être voulu protéger ce lépreux d’une sanction pour avoir enfreint les règles, mais il y a plus que cela dans ce silence commandé par Jésus. La douceur maternelle avec laquelle Jésus accueille et guérit ce lépreux se change brutalement en sévérité : « Jésus s’emporta contre lui, et le chassa en lui disant de ne rien dire à personne. » Pourquoi cet énervement de Jésus contre celui qu’il vient pourtant de guérir ? Le texte ne donne pas d’explication, on ne peut que lire entre les lignes. Le lépreux ne va pas s’arrêter là dans sa désobéissance… Non seulement il désobéit à la loi, mais il désobéit encore à l’ordre de Jésus. Jésus a peut-être vu cette tendance de cet homme à désobéir. Sa première désobéissance était mue par son désespoir et Jésus l’a accueilli avec compassion. La seconde désobéissance n’est plus mue par le désespoir, ni par la reconnaissance, mais semble l’être par l’orgueil. Ce lépreux pourtant si humble dans son agenouillement, si humble dans sa prière envers Jésus… même les humbles ne sont pas à l’abri de la désobéissance et de tomber dans l’orgueil… Cette désobéissance de l’ancien lépreux aura des conséquences pour Jésus : il y a tellement de monde qui veut maintenant voir Jésus qu’il ne peut plus entrer dans les villes. Les situations du lépreux et de Jésus s’inversent. Rappelez-vous : au début le lépreux est contraint de rester dans le désert et Jésus sort de la ville. Après cette rencontre, c’est Jésus qui est contraint de rester dans le désert et le lépreux quant à lui entre dans la ville. C’est la préfiguration de la croix : Jésus prend nos maladies, nos impuretés et nos péchés et ils les portent sur la croix, à l’extérieur de la ville, nous donnant ainsi la possibilité d’entrer dans la nouvelle Jérusalem. Luther parlera à ce sujet d’un « Joyeux échange » : « Ainsi le Christ possède-t-il tout bien et toute béatitude, et ceux-ci reviennent à l’âme ; ainsi l’âme a-t-elle sur elle tous les vices et les péchés, et ceux-ci reviennent au Christ. Alors s’instaurent une querelle et un échange joyeux. »

Le Christ me donne la pureté et porte mon impureté. Il me donne la bénédiction et porte ma malédiction. Il me fait entrer dans la ville sainte, et le voilà crucifié hors des murs. Il meurt pour me donner la vie.

Textes du jour : Lévitique 13, 45-46 / Psaume 32 / Marc 1, 40-45