Après avoir raconté la parabole du semeur, Jésus dit cette phrase assez dure aux disciples : Je parle aux foules en paraboles de sorte qu’en voyant ils ne voient rien, et qu’en entendant ils ne comprennent rien. (Luc 8, 10). Il faut être honnête : pour beaucoup de nos contemporains, la foi chrétienne est inaudible, incompréhensible, invisible.
La prédication se met aussi en lien avec le récent décès d’un grand écrivain suisse du nom de Peter Bichsel. L’auteur s’est surtout excellé dans l’écriture de petites histoires sur des gens ordinaires. Le style d’écriture de Bichsel se caractérise par sa capacité à décrire le quotidien en insistant sur des choses à première vue insignifiantes. Avec un langage simple et précis, il donnait une voix à des personnes souvent ignorées. Il s’est aussi souvent exprimé sur l’Eglise, sur sa foi. Il a reçu un docteur honoris cause en théologie à Bâle. Il s’en est distancé parce que l’Eglise avait perdu sa sève, son engagement et réunissait, selon lui, que des gens convenus pour qui la foi ne change pas réellement quelque chose. Et là il rejoint le soucis aussi de celui qui a rédigé la lettre à Timothée, quand il écrit : «C’est pourquoi je t’exhorte à ranimer la flamme du don de la grâce, du don de Dieu. Ce n’est pas un esprit de lâcheté que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de pondération. »
De plus en plus de personnes ont complétement perdu le sens d’une quelconque transcendance. C’est ce qu’a montré une étude publié dans un livre au titre évocateur : « Quand rien ne manque là où Dieu est absent». L’absence même est absente. Comment y remédier ? Bichsel a écrit des petites histoires. Jésus a raconté des paraboles qui sont aussi des petites histoires. Et nous aussi, nous pourrions davantage raconter notre foi en l’incarnant dans des courts récits. Trouver des mots pour témoigner, vivre quotidiennement la joie d’avoir pu découvrir Jésus Christ pour ma vie. Et en raconter l’essentiel. Ces témoignages seront importants pour redonner envie à celles et ceux qui ont totalement perdu la trace de Dieu. Ils iront peut-être à sa recherche.
La vie, et Peter Bichsel a raison, ce sont des courtes histoires, des récits de témoignages concrets. Afin que mon entourage voit, comprend, entend. Et que ma foi reste vivante.
Lectures bibliques : Nombres 21, 4-9 ; Luc 8, 9-10 ; 2 Timothée 1, 6-1