Job au bout du rouleau. Il est totalement découragé et frise de désespoir. A bout, il dresse ce constat : « La vie est une corvée, je n’ai en partage que le néant, je ne compte que des nuits de souffrance. » L’exemple de Job est extrême, mais il nous arrive peut-être à tous de traverser des périodes difficiles : on a l’impression que rien ne va à l’extérieur de soi : que ce soit dans les relations familiales où amicale, au travail, dans ses projets personnels, et pourquoi pas même dans sa vie chrétienne et son engagement ecclésial. Mais rien ne va non plus à l’intérieur de soi : déprime, perte de sens, vie spirituelle au point mort, doutes, découragement généralisé. On se retrouve symboliquement cloué au lit.  Un peu comme la belle-mère de Pierre, qui est prise par la fièvre.  Un élément du texte est primordial pour comprendre l’enjeu de la guérison. Jésus saisit cette femme par la main et la fit lever : la fièvre la quitta et elle se mit à les servir. Servir : voilà tout l’enjeu ! C’est cela le but de la guérison : que nous puissions entrer plus pleinement, plus totalement, au service du Christ. Quand on parle de service, il y a toujours un piège que peut se glisser de manière trompeuse et sans qu’on s’en aperçoive : que le service du Christ, soit en réalité un prétexte pour se servir soi-même. L’apôtre Paul relève ce point dans le passage que nous avons entendu : « Quel est mon mérite ? C’est d’annoncer l’évangile sans chercher aucun avantage personnel, je me suis fait l’esclave de tous. » Très souvent, nous utilisons notre service du Christ pour au passage en retirer un avantage : une position, de la reconnaissance d’autrui, une bonne conscience. Comment repérer cela ? A chaque fois qu’au-dedans de moi je me dis que les autres ont bien de la chance de m’avoir. A chaque fois que je me dis que si on me contredit ou qu’on me confronte à mes limites, je claque la porte. A chaque fois que je me dis que les autres sont ingrats envers moi avec tout ce que je fais.  A chaque fois, c’est le signe qu’un peu de moi et de mon égo s’est glissé dans mon service. C’est le signe que pour un petit bout, je me sers en réalité moi-même. Quand Dieu voit ce glissement, il va parfois utiliser ce qu’on appelle la déréliction pédagogique de Dieu. Dieu va juste un peu, un tout petit peu, se retirer de moi pour me laisser mesurer que mon service n’a pas de sens hors de lui. Quand Dieu voit qu’il n’est plus le centre, qu’il n’a plus toute la place, qu’il n’est plus servi pour lui-même, il me laisse un moment me débrouiller tout seul. A partir de là, il y a deux attitudes possibles : soit se laisser tomber dans le découragement, ou pire dans le désespoir. Soit retourner près de la source de chaleur, revenir à Dieu et lui demander encore et à nouveau, son Esprit de feu qui me rendra ardent et bouillonnant dans le service. C’est une décision à poser encore et à nouveau, chaque matin de notre vie. Faire le choix de Dieu et de le servir, envers et contre tout.

Textes du jour :  Job 7, 1-7 /  1 Cor 9, 16-23 /  Marc 1, 29-39