Jésus monte sur une colline avec trois de ces disciples pour prier. Et là, ils vivent une sorte de réunion au sommet. Apparaissent deux grandes figures bibliques : Moïse et Elie avec qui Jésus parle. Pourquoi ces deux et pas d’autres ? Moïse est effectivement le plus important personnage du judaïsme. Il est celui qui a fait sortir le peuple hébreu, lui a donné accès aux 10 Commandements, a institué une tente de la rencontre et un système de prêtrise à travers son cousin Aaron. Mais Elie ? Peut-être parce qu’il a résisté à son roi malveillant, il a survécu dans un temps de famine. Il a entretenu une relation très proche avec Dieu. Ce récit de la Transfiguration, où Jésus se métamorphose, c’est le mot originel en grec, se trouve au milieu de l’Evangile. Il présente Jésus. Face aux grands héros bibliques, Jésus est autre. Fils de Dieu, dira une voix. Transfiguré dans la couleur divine. Le récit nous raconte que Jésus Christ n’est pas un législateur, un prophète, un héros, mais en droite ligne filiale avec Dieu. C’est probablement le sens premier du récit : une présentation de Jésus, en miroir de deux figures exemplaires, mais différentes.

Cette réunion au sommet d’une colline est aussi un moment de prière. Le temps est alors suspendu, car des personnalités mortes depuis longtemps font la causette avec le Messie ! Le temps chronologique engloutit sans cesse le futur dans le passé et qui ne laisse guère apparaitre un maintenant. C’est le temps dont nous sommes le plus facilement conscient. Mais la prière ou un rituel comme la sainte-cène, peut nous faire goûter un temps suspendu où l’histoire et le futur ne sont qu’un éternel présent. C’est l’irruption de l’éternité dans le temps des humains. Ce présent de communion fait éclater toutes les limitations que la conscience historique impose. C’est une expérience spirituelle, une disponibilité intérieur à ne pas se laisser déborder par le flux incessant du futur vers le passé. Suspendre le temps dans le présent, dans le maintenant, pour notamment expérimenter une communion qui n’a pas de temps.

Dans ce temps de Carême où il nous est donné d’approfondir notre compréhension, notre méditation, notre contemplation de Jésus le Christ, ce récit de la Transfiguration nous propose de voir en Jésus Dieu et dans la communion de prière de vivre un temps suspendu où l’éternité fait irruption et crée le maintenant.

Lectures bibliques :

Deutéronome 26, 1-11, Psaume 90 et Luc 9, 28-36 (prédication)