SEMAINE DE PRIÈRE POUR L’UNITÉ DES CHRÉTIENS

L’Évangile d’aujourd’hui nous amène au bord du lac de Galilée. Parmi les nombreux pécheurs sur leurs barques ce jour-là à jeter leurs filets, Jésus en appelle 2 premiers Simon et André, puis deux autres, Jacques et Jean. « Suivez-moi », dit Jésus. Aussitôt ils laissèrent leurs filets et le suivirent. Aussitôt ils laissèrent leur père avec les ouvriers et partirent à sa suite. Aussitôt… j’ai toujours été impressionné par l’immédiateté de la réponse des disciples. Pas de discussion, pas de réflexion, par de négociation, il se lèvent aussitôt pour suivre Jésus.  Jésus est alors totalement inconnu dans la région. Marc nous dit que Jésus prêchait la repentance en Galilée… mais il ne précise pas à qui, aucun auditeur n’est mentionné.  On ne sait pas non plus comment ces premières paroles de Jésus ont été reçue, comme si sa prédication était restée lettre morte.

Alors Jésus vit Simon et André, et il les interpelle. Et ceux-ci partent à la suite de cet inconnu sans poser la moindre question. Pourtant il y a dans la Bible beaucoup d’autres personnes qui ont argumenté avec Dieu quand ils ont été appelés : Moïse pose toute une série de questions. Jérémie argumente avec Dieu et demande des signes. Ézéchiel fait la sourde oreille et Jonas quant à lui va tout simplement fuir à l’opposé du lieu où Dieu l’appelle, avant d’être bon gré mal gré conduit à Ninive.

Les disciples eux obéissent immédiatement. Cette obéissance n’est pas tant due à un mérite particulier des disciples, le reste de l’Évangile montrera qu’ils sont comme nous, avec leurs résistances, avec leur lot d’incompréhension et de dureté de cœur.  Mais leur obéissance est le fruit de la parole que prononce le Christ, une parole d’autorité, une parole créatrice, une parole puissante. Une parole qui est celle de Dieu : que la lumière soit, et la lumière fut. Viens, et suis-moi : et aussitôt ils le suivirent.

De quoi est donc fait l’appel de Jésus aux disciples ? Je crois que la réponse se trouve dans un détail du texte : Il les vit.  Avant toute parole, Jésus regarde Simon et André, Puis il regarde à nouveau Jacques et Jean. Il les regarde avec son regard d’amour si caractéristique dans les Évangiles : Jésus le regarda et l’aima, est-il dit à propos de la rencontre avec le jeune homme riche. Oui le regard de Jésus est un regard d’amour qui va jusqu’au plus profond de notre être. Jésus a regardé les disciples, et ceux-ci se sont aussitôt levé pour le suivre.

En Jésus Christ aussi Dieu a posé son regard sur chacun de nous. Notamment au jour de notre baptême où Dieu a aussi prononcé cette parole pour chacun de nous : tu es mon fils bien aimé / tu es ma fille bien aimée.

Je ferai de vous des pêcheurs d’hommes. Cette une expression curieuse. Pêcheur d’hommes. Jésus part de ce que sont les disciples, ils sont pêcheurs de poissons, ils deviendront pêcheurs d’hommes. Pêcheur de poissons ça ils connaissent, on utilise une barque, on jette un filet. Mais pêcheur d’hommes… qu’est-ce que c’est ?

Avec quelle barque et quel filet ? Nous allons cheminer un moment avec l’interprétation que nous donnent les Pères de l’Église sur cette question. Les Pères apportent un éclairage pour nous ce que sont la barque et le filet des pêcheurs d’hommes. Pour eux, la barque d’un pécheur d’homme c’est l’Église. En suivant cette image, ils nous enseignent que pour eux l’Église n’est pas statique mais en mouvement vers un but. Il y a également une invitation au déplacement dans l’appel que Jésus adresse. Suivez-moi, dit Jésus, je suis le chemin vers le Père. Je vous conduis vers le Père. En poursuivant cette image, l’Église est la barque qui nous permet d’avancer ensemble vers le Père, à la suite du Christ. La barque de l’Église n’est pas appelée à naviguer uniquement dans le port tranquille, mais à avancer en eaux profondes. Il y a des tempêtes, n’est-ce pas, qui secouent cette barque qu’est l’Église, on est secoué de toute part, éclaboussés. Mais nous ne devons pas nous décourager, ni désespérer, car Jésus est dans la barque. Nous n’avons rien à craindre. Une seule parole de sa part, et la tempête s’apaise.

Et le filet ? Le filet pour les Pères de l’Église c’est la parole de Dieu, la parole d’amour du Christ. Cette parole puissante qui est créatrice, guérissante, interpelante et qui nous redit l’appel du Christ à nous mettre en route avec lui. Le filet c’est aussi ce qui rassemble. Le filet rassemble les poissons. La parole de Dieu c’est ce qui rapproche et rassemble les croyants.

C’est la parole de Dieu qui nous rassemble ce matin pour cette célébration. Et dans cette Parole nous trouvons notre Unité : Jésus-Christ. C’est lui qui fait l’unité. Et il n’y a pas d’unité possible si nous ne nous rapprochons pas du Christ ensemble. Il est le centre, et c’est en nous rapprochant du centre que nous nous rapprochons les uns des autres. C’est comme une roue de vélo : plus nous les rayons se rapproche du moyeu central, plus ils se trouvent proches les uns des autres. Jonas a prêché la conversion. Jésus a prêché la conversion. Se convertir c’est toujours se convertir au Christ, changer de chemin pour aller vers le Christ. C’est lui qui appelle, c’est à sa suite que nous voulons avancer ensemble. Un cantique protestant dit : C’est toi Seigneur notre unité, Jésus ressuscité.

Cet appel du Christ s’adresse aussi à nous ce matin. Suis-moi, te dit le Christ, je ferai de toi un pêcheur d’hommes.