Esaïe 42,1-7 

Voici mon serviteur,
je le soutiendrai,
Mon élu,
en qui mon âme se réjouit.
J’ai mis mon esprit sur lui ;
Il prodiguera le droit aux nations.

2 Il ne criera point,
il n’élèvera point la voix et ne la fera point entendre dehors.

3 Il ne brisera point la tige/le roseau écrasée,
Et il n’éteindra point la mèche qui faiblit ;

Il prodiguera le droit en vue de la vérité.
4 Il ne se découragera point et ne ploiera point,
Jusqu’à ce qu’il ait établi la justice sur la terre,
et les îles languiront après sa loi.

5 Ainsi parle Dieu, l’Éternel : 
Qui a créé les cieux et qui les a déployés
Qui a étendu la terre et ce qu’elle produit
Qui a donné la respiration à ceux qui la peuplent
Et le souffle/l’esprit à ceux qui y marchent

6 Moi, l’Éternel, je t’ai appelé dans la justice,
j’ai fortifié ta main,
Je t’ai gardé,

et je t’ai destiné à être l’alliance du peuple,
et la lumière des nations

7 afin de dessiller les yeux aveugles
de faire sortir de prison le captif,
Et de leur cachot les habitants des ténèbres.

Méditation Esaïe 42,1-7

Les quatre premiers versets d’Esaïe 42 sont cités dans Matthieu (12,18-21), et il les applique spécifiquement à Jésus-Christ

Deux accents : la nature du Messie et « La signature de Dieu ».

Avec ce chapitre Esaïe commence à nous donner un dessin plus complet du Messie et de sa mission dans le monde. Le Messie est le Serviteur de Dieu en qui Son âme prend plaisir. C’est celui qui reflète le mieux le projet de Dieu pour l’être humain. C’est celui qui rend à Dieu l’image la plus parfaite de Qui il est. Le Serviteur est l’être humain abouti. Il n’est pas seulement « l’homme de Dieu pour cet emploi, Il est l’homme de Dieu pour Dieu lui-même ». C’est en ce sens que le Père est très satisfait de son Fils. On a parlé de miroir parfait, mais j’ai un peu de mal avec l’idée que Dieu serait content, comme Narcisse, de voir, enfin, une belle image de lui. Je préfère penser que Dieu est satisfait d’accompagner son Serviteur, comme un Père est heureux d’accompagne son Fils.

Le Serviteur reçoit pleinement l’Esprit de Dieu, chose soulignée par Luc (1,3 ; 3,16). Cet Esprit est un Esprit d’autorité, car au lieu d’un chef de guerre fort, inspirant la peur et les menaces, le Serviteur est doux, il n’élève pas la voix dehors. Celui qui « crie dehors », c’est le recruteur de soldats, le chef de guerre, celui qui donne des ordres avant et pendant le combat. L’autorité du Serviteur se détourne des figures de pouvoir habituelles. Au lieu d’être un personnage terrible, animé d’un esprit de destruction, le Seigneur Jésus est tendre avec les faibles : « Il ne brisera point le roseau cassé », et son attention se porte vers les personnes abattues : « Et il n’éteindra point la mèche qui brule encore. » Il ne vient pas éteindre le feu mais au contraire le rallumer. Il n’est pas au-dessus d’eux et du monde mais avec eux et immergé dans le monde. Jésus a revendiqué le fait de venir allumer un feu sur la terre. Mais où est le feu que Jésus vient allumer sinon en nous ? Où est le feu que Jésus veut allumer sinon dans son Eglise. Une église est-elle encore une église quand elle n’est pas en feu ?
Cet Esprit est aussi un Esprit de ténacité. Le Serviteur ne renoncera. « Il ne se découragera point et ne se relâchera point, jusqu’à ce qu’il ait établi la justice sur la terre». On peut être doux et tenace, on peut être bon et ferme, on peut être compatissant et résilient. 

Mais cet Esprit de ténacité est lié à une mission et animé par une volonté : celle de prodiguer le droit en vue de la vérité. Le droit et la vérité sont ceux de Dieu et relèvent du vocabulaire judiciaire.  L’Esprit de ténacité est donc un Esprit de justice. Le Serviteur a été « appelé dans la justice. » Il est lié à la justice de Dieu et c’est cette justice qu’il veut prodiguer. Si le Serviteur vient relever en douceur le roseau qui plie, s’il vient rallumer doucement, sans l’éteindre, la mèche qui faiblit, il est en guerre contre l’injustice. Doux avec l’être humain, mais dur avec l’injustice. Le pouvoir sur les autres, non, l’autorité contre le mal, oui. Il va prêter sa voix à la colère et à l’ardeur de Dieu. Il va crier comme un homme de guerre nous dit la suite du texte.
Les frontières habituelles de la « juridiction » sont dépassées. Le Serviteur ne vise pas seulement Israël, mais aussi les nations, la terre et les îles, autrement dit le monde entier. L’Esprit qu’il a reçu voit loin, plus loin que d’habitude. A dire vrai, cet Esprit voit tout, tous les territoires, tous les êtres humains.

Question : Le Serviteur serait-il un serviteur de la justice pour la justice ? Serait-il appelé pour rendre seulement justice à Dieu ? Oui et non. Oui, car Dieu attend en effet que sa justice soit accomplie.  Non, car la justice en soi n’est pas la finalité de sa mission. Il est appelé à éclairer ce qui est dans l’ombre. Il est appelé à délivrer les captifs.

La mission a un but ultime : délivrer, rapatrier, autrement dit sauver. La justice a une raison d’être : la libération des êtres humains. La justice et le droit sont entièrement dépendants de cet objectif de libération. On pourrait même imaginer que le droit soit contraint. La justice et la délivrance ne font qu’un

Le Serviteur est un nouveau Moïse et sa mission est de diriger un nouvel exode. Sa main que Dieu fortifie rappelle la main forte avec laquelle Dieu a fait sortir les Hébreux d’Egypte. De Moïse on nous disait qu’il était le Médiateur de l’Alliance entre Dieu et son peuple. Ici, il nous est dit que le Serviteur est l’Alliance.  Il n’est pas le Médiateur d’une alliance qui lui serait extérieure, il est l’alliance

Y a-t-il un sentiment qui caractérise le Serviteur ? J’en vois que 2 qui n’en font qu’1.
Tout d’abord un sentiment de fidélité à Dieu. C’est peut-être cette fidélité que Dieu contemple et qu’il aime. C’est parce que le Serviteur est fidèle que Dieu aime l’accompagner.

Ensuite l’amour de Dieu. Si le Serviteur est fidèle, c’est par amour pour Dieu.

C’est ce que nous rencontrons en Jésus-Christ. Fidèle, aimant Dieu. C’est aussi ce qu’il veut nous donner : fidélité et amour de Dieu.