« Lorsque notre injustice a atteint son comble, lorsqu’il a été tout à fait évident qu’elle méritait pour salaire un châtiment mortel, quand est venu le temps que Dieu avait par avance fixé pour manifester enfin sa bienveillance et sa puissance (ô surabondance de son amitié pour les humains et de son amour !), il ne nous a pas détestés, ne nous a pas rejetés, ne s’est pas souvenu de nos fautes, mais il a été patient, il nous a supportés. En sa pitié, il a lui-même pris sur lui nos péchés. Il a lui-même livré son propre Fils en rançon pour nous : le saint pour les transgresseurs, l’innocent pour les coupables, le juste pour les injustes, l’incorruptible pour les corruptibles, l’immortel pour les mortels.
Car, pour voiler nos péchés, qu’y avait-il d’autres que sa justice ? Par qui était-il possible de nous rendre justes, nous les transgresseurs, les impies, sinon par le seul Fils de Dieu ? Ô le doux échange, l’œuvre insondable, les bienfaits inattendus : la transgression d’un grand nombre est effacée par un seul juste, la justice d’un seul rend justes de nombreux transgresseurs ! Donc, après avoir démontré, auparavant, qu’il était impossible à notre nature d’obtenir la vie, maintenant il montre que le Sauveur peut sauver même ce qui ne pouvait l’être. »
(Lettre à Diognète, IIe siècle)