Aujourd’hui s’avance la croix, la création exulte ; la croix, chemin des égarés, espoir des chrétiens, prédication des apôtres, sécurité de l’univers, fondement de l’Eglise, fontaine pour ceux qui ont soif. Aujourd’hui s’avance la croix et les enfers sont ébranlés. Les mains de Jésus sont fixées par les clous, et les liens qui attachent les morts sont déliés. Aujourd’hui le sang qui ruisselle de la croix parvient jusqu’aux tombeaux et fait germer la vie dans les enfers (…).

Pendant le jugement, la Sagesse se tait et la Parole ne dit rien. Ses ennemis le méprisent et le mettent en croix. Aussitôt l’univers est ébranlé, le jour disparaît et le ciel s’obscurcit. On le couvre d’un vêtement dérisoire, on le crucifie entre deux brigands. Ceux à qui, hier, il avait donné son corps en nourriture le regardent mourir de loin. Pierre, le premier des Apôtres, a fui le premier. André aussi a pris la fuite, et Jean qui reposait sur son côté n’a pas empêché un soldat de percer ce côté de sa lance. Le chœur des Douze s’est enfui. Ils n’ont pas dit un mot pour lui, eux pour qui il donne sa vie. Lazare n’est pas là qu’il a rappelé à la vie. L’aveugle n’a pas pleuré celui qui a ouvert ses yeux à la lumière, et le boiteux, qui grâce à lui pouvait marcher n’a pas couru auprès de lui. Seul un bandit crucifié à son côté le confesse et l’appelle son roi, au scandale des Juifs. O larron, fleur précoce de l’arbre de la croix, premier fruit du bois de Golgotha.

 

  1. Bourguet, L’Evangile médité par les Pères, Marc, Ed Olivétan, 2007, p.145