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L’hospitalité interreligieuse
Le texte dans les Actes des Apôtres où Pierre, habité par les interdits alimentaires juifs et par une conception juive du pur et de l’impur, fait l’expérience que Dieu l’invite à transgresser cela. Non pas par principe, mais pour permettre une rencontre avec un Romain, adepte d’une toute autre religion et conception du monde. Cette rencontre avec Corneille, officier d’une cohorte romaine et lui aussi intéressé par une rencontre avec Pierre pour l’écouter sur la vie de Jésus, est un véritable cas exemplaire d’hospitalité interreligieuse. Les deux doivent laisser un peu de côté des convictions pour se rencontrer et cela permet un vrai enrichissement mutuel. Oui, la vraie rencontre nécessite de « se mouiller » : accepter d’être transformé par l’autre et par ses pratiques. Comme dans ce récit concernant Pierre, on comprend que l’hospitalité prime sur les règles et que Dieu peut se révéler aussi dans d’autres traditions. On peut voir dans de telles expériences d’hospitalité interreligieuse un approfondissement de la foi de chacun-e qui se rencontrent.
On peut tirer deux leçons principales :
- Créer des ponts interreligieux permet l’enrichissement mutuel, sans renier ses convictions mais en les relativisant quand nécessaire.
- Reconnaître la foi authentique chez l’autre ouvre à une vision plus large de l’action de Dieu, qui n’est pas partial et accueille quiconque pratique justice et compassion.
Finalement grâce à l’ouverture de Pierre de se laisser déplacer, dans sa foi, dans sa vision spirituelle, dans son espace pur et impur, une vraie rencontre aura lieu. Et plus encore, Pierre pourra témoigner de la vie et de l’œuvre de Jésus-Christ dans un climat de confiance mutuelle.
Un artisan de rencontres interreligieuses écrivait : « Toutes les religions pressentent que l’hospitalité n’est pas seulement un face à face entre l’hôte et l’invité. En s’accueillant mutuellement, ils entrent, l’un et l’autre, dans le mystère de Dieu qui les enveloppe. »
Lectures bibliques : Actes des Apôtres 10, 1-36 (Pierre et Corneille)
La prière du dimanche 2 novembre 2025
Prière du matin selon le réformateur Jean Calvin :
Mon Dieu, mon Père et mon Sauveur, puisqu’il t’a plu de me conserver par ta grâce pendant la nuit qui vient de finir et jusques au jour qui commence, fais que je l’emploie tout entier à ton service et que je ne pense, ne dise ou ne fasse rien qui ne soit pour te plaire et obéir à ta sainte volonté, afin que toutes mes actions se rapportent à la gloire de ton nom et au salut de mes frères. Et de même que pour cette vie terrestre, tu fais luire ton soleil sur le monde, veuille aussi éclairer mon intelligence par la clarté de ton Esprit, afin de me diriger dans la voie de ta justice.
Ainsi, ô mon Dieu, à quelque chose que je m’applique, que mon but soit toujours de te servir et de t’honorer, attendant tout mon bien de ta seule bénédiction et n’entreprenant rien qui ne te soit agréable. Fais aussi, Seigneur, que tout en travaillant pour mon corps et pour la vie présente, j’élève mon âme plus haut jusques à cette vie céleste et bienheureuse que tu réserves à tes enfants. Qu’il te plaise d’être le protecteur de mon âme comme de mon corps afin de me fortifier contre toutes les tentations de Satan et de me délivrer de tous les dangers qui me menacent sans cesse.
Et puisque ce n’est rien de commencer si l’on ne persévère, je te demande, ô Dieu, de me conduire et de me diriger, non pas ce jour seulement, mais jusques à la fin de ma vie. Veuille aussi augmenter continuellement en moi les dons de ta grâce, afin que je progresse de jour en jour, jusques à ce que je parvienne à la pleine communion de ton Fils Jésus-Christ, qui est la vraie lumière de nos âmes.
La citation du dimanche 2 novembre 2025
Ce paradoxe d’assurance et d’incertitude mêlées marque le fragile état de la condition humaine. L’être humain signe sa liberté en affirmant sa capacité à donner sa confiance ou à la refuser. En (y) croyant ou en refusant d’(y) croire. Au plan de la connaissance, c’est à la mesure de ce qu’il ne sait pas qu’il cherche, se trompe, trouve et cherche encore. Au plan existentiel, c’est de rencontres et de relations qu’il vit, d’amitiés, d’amours – et aussi, trop souvent, d’indifférences et de haines. L’intrication de ces moments et de ces gestes (de confiance) fait son histoire et son identité.
Jean-François Collange, Croire. Incroyance, foi et religion au XXIè siècle, Olivétan, 2022
Le verset du dimanche 2 novembre 2025
Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse. Je me glorifierai donc bien plus volontiers de mes faiblesses, afin que la puissance de Christ repose sur moi.
2 Corinthiens 12, 9
La confiance
Je me suis souvent dit que les enfants ne se posent pas la question si à la maison il y a à manger ou si le soir le lit est prêt. Cette confiance existe inconsciemment et fonctionne parfaitement. A l’âge adulte, on perd parfois cette confiance dans la vie. J’ai l’impression que la confiance se perd de plus en plus et une angoisse pénible se lève dans les cœurs de beaucoup de personne. Ceci est lié aux défis très anxiogènes auxquels sont confrontés nos sociétés occidentales. Comme la crise écologique, la guerre en Ukraine, l’instabilité des propos du président américain, l’ampleur de la migration, l’individualisation croissante, le grand âge avec ses défis mentaux, l’incertitude des progrès technologiques comme l’IA.
Au temps de la Réformation au 16è siècle, la peur de l’enfer était très importante. C’était cela leur défis de la vie : comment échapper à l’enfer ! Et l’Eglise avait profité de cette peur pour vendre de la confiance en vendant des indulgences, des papiers qui garantissaient une vie sauve lors du dernier souffle sur la terre. La découverte de la grâce seule a été un énorme soulagement devant l’angoisse existentielle. Une grâce gratuite. Dieu accueille, Dieu ne veut pas qu’aucun ne se perde mais que tous aient la vie en abondance, en paraphrasant l’Evangile de Jean.
D’autres époques, mêmes quête : trouver la confiance en soi, en l’autre, en Dieu. Il me semble que le mot « confiance » est lié à une relation. On ne fait pas confiance à des objets. La confiance a besoin qu’on puisse s’en remettre à autrui, à sa protection, sa bienveillance, sa droiture, son amitié, son amour. Qu’une parole prononcée soit tenue, solide. L’absence de confiance est une dure épreuve de vie, elle déstabilise l’existence. Le mouvement de la Réformation a mis en avant, tout en haut de la religion chrétienne, cette affirmation que Dieu fait grâce. Dieu me tend sa main, Dieu me serre dans ses bras, peu importe qui je suis. C’est l’action et ce sont les paroles de son envoyé, Jésus Christ, qui nous l’assurent. Ni mes failles, ni un quelconque rite ou pénitence de ma part ne pourra changer cette volonté de Dieu. Sa confiance nous est donnée. Cela m’aide aussi à faire confiance aux personnes autour de moi, ou même en l’avenir. Et surtout aussi à moi-même car je n’ai rien à prouver, mais seulement à être moi-même. Ma grâce te suffit.
Lectures bibliques : Romains 8, 31-39, Matthieu 14, 22-33
La prière du dimanche 19 octobre 2025
Nous venons devant toi pour te confier cette collaboration entre la FJKM (= l’Eglise protestante à Madagascar), DM et les Églises de Suisse romande. Seigneur, sois au centre de cette alliance. Donne à chacun des partenaires l’humilité d’écouter, la sagesse de comprendre et la volonté de bâtir ensemble pour ta gloire. Nous te prions pour que cette collaboration soit porteuse de fruits durables : des projets utiles, une vision partagée, des ressources bien gérées, et surtout, un impact profond sur les vies touchées par leur travail commun. Dissipe les malentendus, les rivalités et les craintes. Que cette collaboration soit un témoignage vivant de ton amour, et qu’à travers elle, ton Royaume avance dans les domaines de l’éducation, de la justice, de la paix et de la dignité humaine. Nous croyons que ce que toi, Seigneur, tu bénis, portera du fruit en son temps.
Domoina Rakotondranaivo, Directrice nationale des écoles FJKM à Madagascar